Nous nous attendons à ce que les mesures d’assouplissement se poursuivent et à ce que le taux directeur de fin 2025 soit situé près de la limite inférieure des estimations du taux neutre de la BdC, soit entre 2,25 % et 3,25 %. Nous prévoyons que le PIB restera inférieur à la tendance, en partie en raison de la stagnation de la croissance démographique du Canada à la suite de la récente réduction des objectifs en matière d’immigration, bien qu’un regain de la consommation des ménages dû à l’allégement des taux d’intérêt élevés devrait faire contrepoids au cours du second semestre de 2025. À la fin de 2025, nous croyons que le taux de chômage atteindra 6,8 % et que l’IPC de base (médian) passera de 2,6 % à 2,2 %.
La Banque du Canada a réduit ses taux directeurs à quatre reprises cette année, abaissant son taux du financement à un jour à 3,75 %. La baisse des taux d’intérêt par la Réserve fédérale américaine et la publication de données sur l’emploi plus faibles que prévu ont accru les chances d’assouplissement. Toutefois, l’affaiblissement du dollar canadien, les nouveaux chèques de relance du gouvernement envoyés à des millions de Canadiens et la possibilité d’exercer des pressions à la hausse sur le marché de l’habitation seront des sources de préoccupations pour la BdC.
Les ménages et les entreprises ont ressenti les effets de la hausse des taux d’intérêt, car le revenu disponible des ménages consacré aux paiements d’intérêts sur les prêts et les prêts hypothécaires a atteint son plus haut niveau depuis les années 1990 (graphique 1).
Sources : Refinitiv et calculs de Vanguard
L’assouplissement de la politique monétaire est un signe bienvenu pour les consommateurs et les ménages. Plus de quatre millions de prêts hypothécaires devraient être renouvelés au cours des deux prochaines années, et la plupart de ces propriétaires sont immobilisés à de faibles taux depuis 2021 et 2022. Étant donné que les Canadiens détiennent généralement des prêts hypothécaires d’une durée de 5 ans ou moins, les ménages sont plus sensibles aux variations des taux d’intérêt. Dans le passé, il y a eu une forte relation entre les taux directeurs et les paiements d’intérêts sur les prêts en pourcentage du revenu disponible. Toutefois, il y a un décalage avant que les variations des taux d’intérêt se répercutent sur l’économie réelle. Nous nous attendons à ce que les ménages commencent à ressentir les effets de la baisse des taux d’intérêt au deuxième semestre de 2025.
Nous continuons de penser que la BdC poursuivra l’assouplissement de sa politique monétaire jusqu’en 2025, mais les taux devraient se stabiliser à un niveau plus élevé qu’après la crise financière mondiale. Nous prévoyons que le taux final s’établira entre 2,25 % et 2,5 %, soit près de la limite inférieure de la fourchette neutre estimative.
L’inflation a considérablement diminué par rapport à son sommet de juin 2022. La hausse des coûts du logement reste un facteur important de l’inflation, puisque les coûts des intérêts hypothécaires, les loyers et les taxes foncières figurent parmi les cinq facteurs ayant le plus contribué à l’inflation annuelle. L’inflation n’était que de 0,9 %, logement exclu, en octobre.
Dans le graphique ci-dessous, nous pouvons observer l’incidence des intérêts hypothécaires sur l’inflation et sa corrélation positive, bien qu’à la traîne, avec le taux directeur. Comme le montre le graphique 2, la BdC a relevé les taux en avril 2022. Progressivement, la contribution des coûts des intérêts hypothécaires à l’inflation a augmenté pour atteindre un sommet de plus de 40 % en septembre 2024. Alors que la politique d’assouplissement se poursuit, nous nous attendons à ce que la baisse des intérêts hypothécaires contribue à une diminution des mesures de l’inflation de base privilégiées par la Banque du Canada. Le Canada est l’un des rares pays à inclure le coût des intérêts hypothécaires dans l’IPC de base. S’il n’avait pas été inclus dans l’IPC du Canada en octobre 2024, l’inflation aurait été plus proche de 1,4 % que des 2 % annoncés1.
Source: Bloomberg
La politique du président élu américain Donald Trump, qui prévoit une hausse des tarifs douaniers, une augmentation des mesures de relance budgétaire et une modification de la politique d’immigration, aura un impact sur le Canada. L’inflation pourrait également augmenter au Canada, qui se prépare à une hausse des tarifs douaniers et à un ralentissement de la croissance du PIB. Les prochaines renégociations de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) seront cruciales, car l’accent sera également mis sur l’utilisation du Mexique comme moyen détourné d’échapper aux tarifs douaniers imposés par les États-Unis sur les produits chinois.
Les échanges commerciaux entre les États-Unis, le Mexique et le Canada sont essentiels pour toutes les parties. En 2023, les exportations totales entre le Canada, les États-Unis et le Mexique se sont chiffrées à 1 500 milliards de dollars. Environ 75 % des exportations canadiennes sont destinées aux États-Unis, et 30 états américains font du Canada leur principal partenaire commercial. Le Canada affiche un excédent commercial de biens de plus de 7 % du PIB avec les États-Unis, principalement grâce aux exportations d’énergie. L’application d’un tarif douanier général de 10 % au Canada par les États-Unis entraînerait une augmentation du coût des intrants pour les deux pays. Le Canada a enregistré un excédent commercial de plus de 128 milliards de dollars avec les États-Unis en 20232 et près de 2 millions d’emplois canadiens3 sont directement ou indirectement touchés par le commerce avec les États-Unis.
Le graphique 3 ci-dessous souligne à quel point la relation commerciale avec les États-Unis est importante pour le Canada et que la politique commerciale entre les deux pays peut constituer un risque de baisse pour la croissance du PIB du Canada.
Source: Bloomberg
Source : COMTRADE des Nations Unies, données de 2023
L’augmentation des tarifs douaniers aura également une incidence sur le dollar canadien. Le dollar canadien a touché son plus bas niveau en cinq ans, passant d’un sommet de 83 cents américains le 29 mai 2021 à un taux de 71 cents le 28 novembre 2024. La baisse de la productivité au Canada et la baisse de la croissance relative ont contribué à sa forte baisse. Cette situation a entraîné une hausse des coûts d’importation qui a pesé sur les entreprises canadiennes, en particulier celles qui dépendent des intrants américains, d’où l’effet inflationniste. Toutefois, les exportateurs canadiens, et en particulier les fabricants, pourraient en bénéficier sous forme d’une augmentation des ventes de produits manufacturés et d’une hausse de l’emploi pour la production de ces biens. Les exportations canadiennes dans les secteurs du tourisme, des pièces automobiles, du pétrole, de l’acier et du bois d’œuvre pourraient également en bénéficier, même si les tarifs douaniers imposés par les États-Unis risquent d’annuler ou d’éliminer les avantages pour les exportateurs.
La divergence de la politique monétaire a également entraîné la dépréciation du dollar canadien, la BdC ayant assoupli sa politique monétaire plus tôt et de façon plus vigoureuse que la Réserve fédérale américaine. Nous nous attendons à ce que l’écart entre les taux directeurs américain et canadien se creuse davantage, car nous prévoyons que les taux directeurs américain et canadien termineront l’année 2025 à 4,0 % et 2,5 %, respectivement. Un écart de 150 pb pourrait exercer des pressions sur le huard.
Le programme de croissance du président élu Donald Trump, qui pourrait être axé sur la réduction des impôts, la déréglementation et l’augmentation des tarifs douaniers, a renforcé l’attrait relatif du dollar américain. Une croissance plus forte du PIB au Canada, surtout si elle est alimentée par les dépenses de consommation, pourrait avantager le dollar canadien. Ce n’est pas notre scénario de base, car nous prévoyons une croissance du PIB de 1,7 % en 2025, ce qui est inférieur à sa croissance tendancielle de 2,1 %. L’effet de richesse pourrait être un catalyseur de la hausse des dépenses de consommation, en particulier si les prix des logements augmentent.
Source: Bloomberg
Comme les paiements d’intérêts seront moins élevés, la part consacrée aux frais de financement devrait diminuer, ce qui en laissera plus pour l’épargne et les dépenses des ménages. L’augmentation des dépenses devrait stimuler la croissance au Canada. Toutefois, le ralentissement de la croissance de la population attribuable à la récente réduction des cibles d’immigration pourrait neutraliser ce gain. Par conséquent, malgré une politique monétaire favorable, nous nous attendons à ce que la croissance du Canada demeure inférieure à la tendance l’an prochain.
Le gouvernement fédéral prévoit envoyer des chèques à des millions de Canadiens ce printemps, ce qui pourrait améliorer les perspectives de croissance, car cela devrait stimuler considérablement les revenus et les dépenses de consommation au début de 2025. Cela pourrait entraîner une hausse temporaire de l’inflation. Un congé de TPS de deux mois a également été annoncé; celui-ci débutera à la mi-décembre et s’appliquera aux repas dans les restaurants, aux chaussures, aux vêtements pour enfants, aux couches, aux arbres de Noël, aux livres, aux casse-tête, aux jeux, aux jouets, aux collations, à la bière et au vin, ainsi qu’aux aliments préparés.
Si l’on tient compte de l’augmentation de la population du Canada, le PIB réel par habitant se détériore depuis de nombreuses années (graphique 6), sous l’effet d’une faible productivité, en particulier dans le domaine de la recherche et du développement, et d’une augmentation de la population. Le graphique 6 montre comment le PIB par habitant a diminué en raison de la croissance de la population canadienne.
Source : Statistique Canada.
Le gouvernement fédéral canadien a mis à jour ses cibles sur trois ans à l’égard des résidents permanents. Il accueillera maintenant 390 000 nouveaux résidents permanents en 2025, comparativement à 500 000 en 2024. Le Canada vise également à réduire les cibles pour les travailleurs étrangers temporaires. Ils représentent actuellement 7 % de la population et le gouvernement espère les ramener à 5 %. Ces changements, bien que difficiles à mettre en œuvre, entraîneront un resserrement de la main-d’œuvre, ce qui pourrait exercer une pression à la hausse sur les salaires.
Les immigrants et les jeunes ont contribué de manière significative à la récente augmentation du chômage au Canada. L’économie a eu du mal à absorber les travailleurs, la population a augmenté rapidement et il n’y a pas eu de vague de mises à pied. Comme le montre le graphique 7, le chômage des nouveaux immigrants et des jeunes a fait grimper le taux de chômage récemment, bien que ces deux groupes aient connu un certain répit en septembre et en octobre.
Source : Statistique Canada.
Nous nous attendons à ce que le taux de chômage augmente graduellement et termine 2025 autour de 6,8 %.
1, 2 Source : Bloomberg
3 Source: Statistique Canada.
Remarques :
Date de publication : Décembre 2024
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